mardi 26 avril 2011

La Route du Rhum



Entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, le plus court chemin (l'orthodromie : en pointillé sur la carte) n'est pas toujours le plus rapide…Vents et courants constituent des obstacles qu'il faut savoir parfois affronter, parfois contourner… Sans compter les adversaires qu'il faut savoir "marquer" et ne pas laisser échapper. Après avoir laissé derrière eux les remparts de Saint-Malo, les concurrents de la route du rhum passeront leur première nuit en Manche avant de passer Ouessant et son rail. Puis le Golfe de Gascogne et en général des vents contraires et des dépressions qui se succèdent jusqu'aux Açores, porte d'entrée des alizés. La suite est en général consacrée à la tactique pour se jouer de l'anticyclone et des vents faibles avant de se donner tout entier à la vitesse jusqu'à Pointe-à-Pitre.


Un départ unique de St-Malo :


  • Ligne de départ : devant la Pointe du Grouin

  • Bouée du Cap Fréhel : à laisser à tribord



Une arrivée à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe

  • La Guadeloupe : à contourner par le Nord en la laissant à bâbord,

  • Ilot de la Tête à l'Anglais : à laisser à bâbord,

  • Bouée de Basse-Terre : à laisser à tribord,

  • Ligne d'arrivée : devant Gosier


Pour un total de 3543 milles à parcourir


La route du Rhum est ouverte aux multicoques et aux monocoques répartis en plusieurs classes selon leur longueur hors tout telle que définie par le règlement FICO :


  • Classe Multicoques ORMA


  • Classe Monocoques IMOCA


  • Monocoques Classe 1


  • Multicoques Classe 2


  • Monocoques Classe 2


  • Multicoques Classe 3


  • Monocoques Classe 3


  • Monocoques Class 40’


Pour former une classe, il faut qu'elle compte au minimum 5 bateaux. Des regroupements pourront être effectués suivant le nombre d'inscrits dans chaque classe. Ils seront annoncés dans les Instructions de Course.

Qualification pour prendre le départ :

Pour valider son inscription, chaque voilier, avec son skipper inscrit dans la course, doit réaliser un parcours d'observation dont les modalités ont été arrêtées avec le Comité de Course.

La route du Rhum : Première édition 1978


Comme l'a voulu son concepteur, Michel Etevenon, La Route du Rhum est la transat de la liberté : monos et multis sont mêlés sans spécification de classement et sans restriction de taille, professionnels et amateurs s'affrontent avec la même règle du jeu et toutes les aides extérieures à la navigation sont autorisées sur un parcours inédit qui part de France métropolitaine pour arriver en France d'outre-mer.

Les 38 engagés - à peine un quart d'entre eux sont des bateaux de course - affichent un échantillon représentatif des mentalités et des connaissances de l'époque : un bel optimisme et pas mal d'interrogations.

23 jours de course plus tard Kriter V, le long cigare bleu de Michel Malinovsky, solidement installé en tête de la course jusqu'à deux milles de l'arrivée assiste impuissant au retour spectaculaire d'Olympus Photo, skippé par le canadien Mike Birch. Le plus petit trimaran engagé fond sur la ligne d'arrivée, coiffant sur le fil le fin monocoque que tous donnaient vainqueur. Un finish de 98 secondes après une traversée de l'Atlantique, des options météo différentes, des tempêtes de 50 noeuds identiques, des dépressions tropicales et des abandons à n'en plus finir : les images font le tour de la planète, la course au large entre avec cette arrivée dans une nouvelle dimension.


A retenir :


  • La première transatlantique française bouleverse les idées reçues.

  • Manureva ne répond plus, le navigateur français Alain Colas disparaît en mer.

  • Olympus Photo, le petit trimaran jaune de Mike Birch devance de 98 secondes le Kriter V de Michel Malinovsky après 23 jours de course.




Classement final :



  • Mike Birch (Olympus photo) 23j 06h59'35"

  • Michel Malinovsky (Kriter V) 23j 07h01'13"

  • Philip S. Weld (Rogue Wave) 23j 15h51'32"


La route du Rhum : Edition 1982


ls sont 52 marins à être inscrits à cette deuxième édition de la route du rhum dont une palanquée de marins professionnels à faire rougir les livres d'histoires de la course au large. Côté nouveautés, les bateaux sont répartis en cinq classes sans limitation de taille et tous sont équipés de balises Argos transformant l'Atlantique en immense échiquier bleu marine. Il sera dorénavant facile de suivre la progression des bateaux comme de mieux déceler d'éventuelles avaries. Autre nouveauté, le parcours emmènera la flotte virer la Martinique avant de remonter vers la ligne d'arrivée en Guadeloupe. Une première et… une dernière ! Enfin, nombre de nouveaux bateaux pointent le bout de l'étrave, la tendance étant clairement orientée multicoques.Du près, du près et encore du près !

Les bateaux comme les hommes souffrent. Marc Pajot ne dit rien et tend des câbles pour reprendre les efforts ( poutre centrale fendue). Il continue la course et évoque le fait de s'arrêter à la Martinique. Il coupe la ligne d'arrivée 10 heures avant un certain Jaz mené par Bruno Peyron.


A retenir :


  • 52 marins sont au départ de cette deuxième édition

  • Les grands multicoques font leur apparition, ils sont trois à mesurer plus de 20 mètres.

  • Marc Pajot sur Elf Aquitaine ménage le suspense : poutre centrale fendue à la limite de la rupture,

  • 19 abandons lors de cette deuxième édition.




Classement final :



  • Marc Pajot (Elf-Aquitaine) 18j 01h38'00"

  • Bruno Peyron (Jaz) 18j 11h46'22"

  • Mike Birch (Vital) 18j 13h44'06"


La route du Rhum : L'édition 1986 - Le Drame


Ils sont une trentaine à prendre le départ de cette édition 1986. Les meilleurs skippers sont toujours au rendez-vous même si le nombre de participants est en baisse par rapport à 1982. La taille des bateaux, elle, est toujours plus gigantesque : 13 bateaux mesurent plus de 23 mètres. Parmi les inscrits, la tendance est résolument à deux coques avec pas moins de 13 inscrits pour 9 trimarans dont certains équipés de nouveaux appendices : les foils.

Côté monocoques, ils ne sont plus que 5 en 1986 contre 15 en 1982 malgré l'importante dotation en prix pour les deux catégories.


Dès le coup de canon, les grands multicoques donnent le ton. Mais rapidement, avaries et abandons interviennent, Les dépressions se succèdent et l'hécatombe se poursuit, Le gros de la tempête touche la flotte dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 novembre à près de 60 noeuds. L'alerte est donnée pour Royale le vendredi 14. Le relevé Argos indique le bateau à la dérive. Florence Arthaud (Energie et Communication) se déroute et trouve Royale alors retourné. Loïc Caradec n'est plus à bord…

La course continue malgré tout et Philippe Poupon qui, lui aussi, à subi les affres de la tempête, plonge vers le sud. Il accélère, creuse l'écart avec ses poursuivants et arrive à Pointe-à-Pitre en grand vainqueur, 48 heures devant Bruno Peyron, une nouvelle fois deuxième.

La route du Rhum : 1990 : l'année d'une femme !


1990 marque l'année du changement. Les trimarans semblent s'être définitivement imposés pour la course en solitaire et la limitation de la taille à 60 pieds fait à peu près l'unanimité.

31 concurrents se présentent tout de même à Saint-Malo parmi lesquels de nouveaux bateaux comme Pierre 1er (Florence Arthaud), Fujichrome (Mike Birch), RMO (Laurent Bourgnon) ou encore Fleury Michon IX (Philippe Poupon). Laurent Bourgnon sur RMO passe la bouée du Cap Fréhel en tête.

Le ton est donné : il faudra tenir le rythme imposé par ces nouvelles Formule 1 des mers. Mois de novembre oblige, les dépressions s'abattent sur la flotte et les avaries entrent en scène. Nombre de bateaux s'arrêtent alors aux Açores. Trois trimarans se détachent de la flotte disséminée : Philippe Poupon au nord, Florence Arthaud au centre et Mike Birch au sud.

Celle que l'on surnommait "La Petite Fiancée de l'atlantique" va alors défrayer la chronique en réalisant une Route du Rhum incroyable malgré un lot de pannes à répétition. Pendant deux jours, elle doit s'attacher à sa barre alors qu'une dépression balaie l'océan avant que son tableau électrique ne flanche la privant définitivement de radio et de télex. Pour couronner le tout, elle est aussi victime d'une sérieuse hémorragie. Florence songe alors à déclencher sa balise de détresse. Mais le vent faiblit et elle parvient à réparer un de ses pilotes tout en surveillant la mer et les nuages pour choisir au mieux sa trajectoire. A proximité de la Guadeloupe, un Bréguet la survole et un journaliste lui apprend qu'elle est en tête de la course ! Florence s'accroche et gagne. L'image de cette femme seule sur son trimaran cuivré fera le tour de la planète…

Côté monocoques, Titouan Lamazou, vainqueur en titre du Vendée Globe s'impose à bord d'Ecureuil d'Aquitaine.


A retenir :

  • La limitation de la taille des bateaux à 60 pieds,

  • Les trimarans s'imposent. De nouvelles unités, tout carbone apparaissent : gain de poids, raideur et résistance semblent être le cocktail gagnant.

  • Florence Arthaud sur Pierre 1er réalise une course incroyable.

  • Le 2ème est Philippe Poupon, le 3ème est un petit nouveau : Laurent Bourgnon.


Classement final :



  • Florence Arthaud (Groupe Pierre 1er) 14j 10h08'28"

  • Philippe Poupon (Fleury-Michon IX) 14j 18h39'36"

  • Laurent Bourgnon (RMO) 14j 18h46'31".


La route du Rhum : Edition de 1994


ils ne sont que 24 à prendre le départ de cette cinquième édition. Mais grande nouveauté, il y aura bien deux courses dans la course : une chez les multicoques et une chez les monocoques. Et si beaucoup ont les images de Florence Arthaud ancrées dans les esprits, elle ne sera pas là pour défendre son titre. Seul son bateau sera présent, racheté par Steve Fossett.En vue de l'île antillaise, Laurent Bourgnon est en tête. A 28 ans, le franco-suisse signe une magnifique victoire faite de professionnalisme, de méthode et de passion. Côté monocoques, les nouveaux 60 pieds font merveille ! A tel point que Cacolac d'Aquitaine d'Yves Parlier se place 3ème au Général et 1er monocoque suivi par Alain Gautier qui signe une superbe 4ème place. Deux multicoques suivis de deux monocoques : ce podium est époustouflant.


A retenir :


  • 24 partants au départ sans Florence Arthaud.

  • Cherbourg Technologies d'Halvard Mabire perd sa quille et se retourne.

  • Outre le combat des marins sur l'eau, les conseils des routeurs à terre ont pris une incroyable dimension.

  • Les monocoques 60 pieds nouvelle génération avec leurs ballasts montrent un potentiel incroyable.



Classement final :



  • Laurent Bourgnon (Primagaz) 14j 06h28'29"

  • Paul Vatine (Région Haute-Normandie) 14j 09h38'56"

  • Yves Parlier (Cacolac d'Aquitaine) 15j 19h23'35"


La route du Rhum : 1998 : le doublé de Bourgnon.


19 multicoques pour 18 monocoques : un beau plateau d'anniversaire pour les vingt ans de la Route du Rhum. En six éditions, cette transat est devenue une grande classique incontournable pour tous les marins professionnels. La course démarre en trombe. Yvan Bourgnon (Yprema) démâte tandis que son frère et Catherine Chabaud prennent la tête de chacune des flottes. Mais le vent monte et les abandons s'enchaînent : Victor Jean-Noël (Région Guadeloupe - RFO) démâte et Bernard Mallaret perd le contrôle de sa quille orientable. Eric Dumont s'ouvre le bras avec un couteau en montant dans son mât pour réparer une drisse.

Un final de toute beauté


Laurent Bourgnon, grand gennaker en morceaux, arrivera à contenir un Alain Gautier survitaminé qui, malheureusement, heurte un cétacé à quelques heures de l'arrivée. De son côté, Marc Guillemot se fait passer de nuit par Franck Cammas au large de "l'île arrivée".

Côté monocoques, Thomas Coville à la barre d'Aquitaine Innovations et routé par Yves Parlier, mène la danse.


A retenir :

- Yves Parlier, sérieusement blessé lors d'une chute de parapente, confie son 60 pieds Aquitaine Innovations à Thomas Coville. Ce dernier gagne en monocoque routé par Yves Parlier lui-même. Un grand marin est né !

- A 22 ans, Ellen MacArthur gagne en monocoque 50 pieds à bord de son Kingfisher.

- Laurent Bourgnon signe ainsi sa 2ème victoire consécutive dans la Route du Rhum.

Classement final :



  • Laurent Bourgnon (Primagaz) 12j 08h 41'06"

  • Alain Gautier (Brocéliande) 12j 11h 54'32"

  • Franck Cammas (Groupama) 12j 19h 41'13"


La route du Rhum : 2002 : Une année noire !


Avec 58 concurrents au départ, 2002 est une année record. En termes de participations d'abord, mais hélas aussi en termes d'abandons car si 28 bateaux finissent l'épreuve, seulement 3 sur 18 arrivent aux Antilles dans la classe reine des 60 pieds multicoques.

Première historique également, l'arrivée en temps réel de deux monocoques devant les multicoques, conséquence du départ décalé des monocoques partis un jour avant les multicoques et des chavirages et avaries en série dues aux conditions météo dantesques rencontrées au large de la Corogne.

La raison de l'hécatombe survenue chez les multicoques est double.

A l'origine : une grosse dépression calée au large de l'Europe qui s'est déplacée très lentement, générant dans sa partie arrière un flux de Nord-Ouest puissant qui a duré près d'une semaine (30 à 40 noeuds établis avec des grains à plus de 60 noeuds).

Ensuite s'est développé une dépression secondaire qui est passée sur la flotte alors que les trimarans se trouvaient dispersés en latitude. Cette dépression s'est creusée très rapidement en adoptant une vitesse de déplacement importante : les météorologues avaient bien repéré ce coup de vent, mais personne n'avait imaginé un phénomène aussi virulent. On vit ainsi des rafales passant de 40 noeuds à plus de 75 noeuds dans le Sud, tandis que dans le Nord, le vent restait maniable voire faible.

Tout le monde a souffert, certains jetant l'éponge suite à leurs avaries, d'autres progressant plutôt lentement en cherchant à se maintenir sur l'orthodromie ou à prendre du Sud pour atteindre au plus vite les alizés. La solution s'est finalement avérée être intermédiaire. Les concurrents ont alors glissé sur la bordure sud de l'Anticyclone des Açores afin d'échapper aux calmes. Le gros du peloton des petits voiliers s'y trouvera piéger s'en pouvoir rien faire ; les leaders arriveront à s'extirper sans ralentir.

A retenir :

Une édition record en termes de participants avec 58 concurrents au départ.

Cette édition atypique consacre la victoire d'Ellen MacArthur en monocoque IMOCA et celle de Michel Desjoyeaux en multicoque ORMA, qui après trois escales techniques a pris la tête du classement dans une lutte acharnée avec ses deux poursuivants, Marc Guillemot et Lalou Roucayrol (seul à ne pas s'être arrêté)









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