mercredi 27 avril 2011

Vendée Globe : Les premiers mots de Yann Eliès

Le souvenir est douloureux et les circonstances précises du choc qui lui a brisé la jambe restent floues. Yann Eliès :



"J'avais 25 à 30 noeuds de vent, sur une mer résiduelle, encore assez creuse... je souhaitais attaquer et il me fallait envoyer le gennaker. Mais j'avais un petit soucis de bout sur le bout dehors et il me fallait régler ce problème avant d'envoyer le gennaker. Je me suis donc décidé à aller en bout de tangon, attaché avec mon harnais. Les conditions me paraissaient maniables, mais j'ai dû mal les juger car alors quej'étais en bout d'étrave, le bateau est parti en survitesse. Je n'ai pas eu le temps de me dégager de ma position et le bateau a planté violemment dans une vague à 20 noeuds de vitesse. J'ai été éjecté, et à l'impact, ma jambe a cédé. A partir de là, j'ai un trou noir. Je crois que je suis resté agrippé au balcon par la main gauche. Le harnais a plié sous le choc... dans ces cas là, on trouve des ressources insoupçonnées. Dans la douleur, j'ai réussi à repasser le balcon et la filière et à me laisser tomber sur le pont. De là, je me suis traîné jusqu'au cockpit et jusqu'à ma bannette. Je me suis déshabillé pour voir l'état de ma jambe.. et l'attente a commencé."



Allongé sur sa bannette, Yann Eliès doit déployer des montagnes d'énergie et de concentration pour combattre sa douleur :



"Ces 36 et quelques heures immobilisé sur ma bannette ont été terribles. Je me suis concentré très fort pour ne pas bouger et essayer de trouver la bonne posture pour moins souffrir. Chaque mouvement était un supplice. Erwan Steff m'a alors été d'un très grand secours et m'a aidé à vivre ces heures difficiles. L'arrivée de Marc Guillemot, particulièrement quand je l'ai vu de mes yeux par le hublot, m'a considérablement regonflé le moral. J'ai retrouvé un semblant d'énergie et de motivation pour tenter de récupérer des médicaments et de la boisson. Millimètres par millimètres, avec d'infinies précautions, j'ai pu mettre la main sur des médicaments anti douleur, et sur une canette de soda. Informé par Erwan de la progression des sauveteurs Australiens, j'ai retrouvé moral et énergie..."



L'embarquement à bord de la frégate Arunta n'a été qu'une étape pour Yann. Le vrai soulagement n'est véritablement arrivé qu'avec l'entrée à l'hôpital de Perth. Yann :



"L'embarquement à bord de la frégate Arunta a été un premier soulagement. Je n'étais plus seul, mais l'équipement de la frégate était sommaire et j'étais toujours en mer, à devoir amortir les mouvements du bateau. Ce n'est qu'une fois à terre, entouré des médecins et en route pour l'hôpital que j'ai senti que le pire était derrière moi. Les radios, les bilans sanguins, les tests divers et variés, et surtout de ne plus être ballotté m'ont énormément rassuré et soulagé. Savoir que j'allais être opéré et que je pourrais remarcher sans séquelles m'a fait un bien énorme. Mais le vrai bonheur a été l'arrivée de mes proches, famille et amis. J'ai enfin pu parler et partager mon épreuve, ma douleur, mes inquiétudes, avec les gens que j'aime..."




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