mardi 13 septembre 2011

Retour sur l'exploit de Mayeul Riffet

Il ne lui aura fallu qu’un peu plus de 14 heures pour rallier Marseille à Calvi en Kitesurf… Le 5 septembre dernier, Mayeul Riffet a offert à la discipline du Kitesurf un nouveau record, une performance frôlant l’exploit humain, tant le défi de base était osé et colossal.


Parti à l’aube en Kitesurf, le lundi 5 septembre à 07h 15mn 14s (heure française) au large de l’île Tiboulen à Marseille, Mayeul Riffet a franchi la ligne d’arrivée à Calvi en Corse à 21h 32mn 14s.


Il a ainsi rallié Marseille à Calvi en 14 heures 17 minutes et 15 secondes parcourant une distance réelle totale d’environ 200 milles.
Mayeul établit donc par sa performance le premier temps de référence en Kitesurf entre Marseille et Calvi. Une traversée jusqu’alors jamais tentée et surtout une durée de navigation titanesque en Kitesurf !



Au lendemain matin de cet exploit, on ressent une immense sérénité dans la voix de Mama (Mayeul Riffet) mais aussi beaucoup de lucidité sur ce qu’il a vécu : l’envie de faire demi-tour après les premières heures en voyant que la météo n’était pas du tout celle prévue sur les fichiers prévisionnels, une route qui s’allonge et s’allonge encore avec un vent mal orienté, une mer désorganisée qui se creuse et devient très difficile, un gros semi-rigide qui pourtant peine parfois à suivre dans ces conditions, la nuit qui tombe et qui remet tout en cause à quelques heures de l’arrivée, les jambes qui deviennent lourdes au fil des milles, les changement de voile impératifs avec le vent qui forcit, les petits soucis techniques qui arrivent...



Vidéo du record CorsiKit


[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=152ZID_8Ep8[/youtube]



Retour sur cet exploit par Mayeul Rifflet :


Mayeul, tu viens d’établir un temps de référence en KiteSurf entre Marseille et Calvi, dans des conditions météo difficiles. Quel est ton sentiment aujourd’hui ?
Celui qui prime aujourd’hui ? C’est d’être heureux d’avoir mené un projet de A à Z avec une issue positive ! C’était un projet audacieux avec plusieurs inconnues : la résistance physique, la résistance morale, la navigation en kite sur une aussi longue distance... Je savais que c’était possible, mais il restait de grandes questions et notamment du côté technique avec par exemple quels angles peut-on tenir par rapport au vent, quid de l’incidence de l’état de la mer... J’ai également énormément appris, j’ai un peu de fierté d’avoir pu aller au bout et je suis heureux d’avoir vécu quelque chose de très fort humainement avec l’équipe d’accompagnement et mes partenaires. Finalement je n’ai qu’une hâte : rebondir et recommencer !

C’est encore un peu marginal comme discipline le Kitesurf au large (speed crossing). Beaucoup de gens t’ont
soutenu ?

Au début je suis un peu passé pour un extra-terrestre ! Des gens n’ont pas pris la mesure de la chose en me disant «et bien vas-y» ! D’autres ont clairement douté de ma capacité à y arriver et du fait que ce soit faisable. C’est aussi ce qui m’a motivé ! Et puis à force d’insister et de persévérer quelques personnes se sont intéressées au projet et ont commencé à me soutenir. Mais jusqu’à la fin beaucoup m’ont demandé si j’étais sûr de vouloir partir. Et surtout depuis Marseille. A tel point que j’ai fini par douter sur mon manque d’expérience et sur ma capacité physique ! 150 milles me paraissaient cependant faisables... Mais si l’on m’avait dit 200 milles dans une grosse mer, je ne sais pas si je serais parti !

Qu’est ce qui a été le plus difficile ?
Décider de naviguer dans le noir je crois... Le plus dur a dû être ce choix là ; autant pour moi que pour les gars du semi-rigide d’ailleurs. C’était super stressant. C’était irraisonnable...

Ton pire moment ?
Quand les gars du zod m’ont annoncé 105 milles restant peu après mon empannage ! J’ai pourri les gars alors qu’ils n’y étaient pour rien ! En fait je redoutais cette annonce, on avait convenu de m’annoncer les 50 et les 100 milles parcouru. Et au moment ou ils m’annoncent les 105 je m’apprêtais justement à leur demander de ne pas le faire….Dans ma tête le calcul a été bref : même en allumant comme un dingue, je ne serais pas à Calvi avant la nuit. Le projet était fichu…
Ton meilleur moment ?

Les baleines ! 3 baleines qui font des sauts dans les vagues dans une ambiance fantomatique… Le regard halluciné par la fatigue... Juste le pied.

Crédits : Vincent Olivaud - CorsiKit

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